Trouver une terre à un prix abordable pour développer un projet agricole rentable est un défi de taille, surtout en pleine ville. Et pourtant, l’objectif que s’est fixé Filippo Dattola de l’association Le Début des Haricots est bien de cultiver des légumes de qualité, bio et à un prix abordable pour la population bruxelloise et de développer un projet à dimension humaine. La solution mise en place a été de profiter d’un énorme toit plat, celui de la bibliothèque nationale et d’y cultiver hors sol bien entendu, mais dans la terre, de savoureux légumes.
Si ce projet contribue à développer une alimentation durable, locale et de saison, sans pétrole et sans produits chimiques au sein même de la ville, il a aussi le mérite de s’inscrire dans la vie sociale, réveiller des compétences dormantes, recréer du lien.
Voici en quelques mots les grandes lignes du projet :
L’organisation des cultures :
Sur les bords du toit ont été installées d’un côté des plantes aromatiques, sauvages et pour la plupart indigènes et de l’autre, des plantes mellifères.
L’objectif est d’attirer les pollinisateurs et de protéger les cultures des nuisibles. Un hôtel à insectes a également été installé.
Les contenants :
Les cultures potagères ont été installées dans des sacs en géotextile noir.
Filippo nous explique que ces sacs présentent trois avantages :
La terre :
Au départ, un mélange de terre a été réalisé et livré par une firme puis acheminé jusqu’au toit. Ce mélange est constitué de :
Pour entretenir la fertilité et garder une terre bien vivante :
La gestion de l’eau :
L’eau du toit d’un bâtiment voisin, le Palais Charles de Lorraine, est récupérée et stockée dans trois bidons de 1000l.
Un système de goutte-à-goutte a été installé et permet un apport de 2 ou de 4l par jour et par sac en fonction des besoins de la plante. Le système est alimenté grâce à une pompe solaire. Ces quantités sont bien sûr adaptées en fonction des conditions météorologiques et des besoins des plantes.
Par ailleurs, dans chaque sac, la terre est couverte d’une couche de paille pour éviter l’évaporation.
La serre :
Une serre géodôme a été récupérée et remontée sur place. Comme le dit Filippo, c’est là que naissent tous les légumes cultivés dans le potager.
Les cultures :
Les cultures de courte durée sont favorisées, avec une durée d’occupation de maximum 2 à 4 mois par plante et trois cultures se succèdent ainsi dans chaque sac (plus les engrais verts). Tous les semis sont fait sur place dans la serre.
Dans chaque sac, les plantes sont cultivées en association. Par exemple, les tomates sont entourées de basilic.
La production :
La production alimente trois petits restaurants Slow Food à Bruxelles et un petit marché a lieu deux fois par semaine, sur place.
En échange de la mise à disposition du toit, les employés de la KBC bénéficient d’une ristourne de 15 % sur leurs légumes.
Du point de vue économique et social :
Plusieurs bénévoles, sympathisants du projets participent à la vie de ce potager, que ce soit pour la couture des sacs, la culture, la récolte et la vente des légumes ou pour les animations, visites guidées... En saison, des plants surnuméraires sont vendus, ainsi que des sacs de culture, de la terre... L’objectif du projet est donc bien plus que simplement produire des légumes. Il s’agit aussi de créer du lien, utiliser les compétences du quartier, développer un modèle qui tende vers le "zéro pétrole".
Après une première année de fonctionnement avec des subsides de la région de Bruxelles Capitale pour la mise en route du projet, l’objectif est d’atteindre une certaine autonomie, comprenant notamment un défraiement des bénévoles.
Pour plus d’infos : http://www.potage-toit.be/